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2013-03-15T08:50:00+01:00

Le creux de la vague

Publié par Lhyn Sedrin

 C'est le printemps, le temps progresse, le Pitchoun aussi, il s'est remis à manger, je crois que la perte de ses deux premières dents de lait l'a perturbé, je ne pensais pas qu'il en serait autant affecté. Le grand espère se diriger vers un bac pro, mais comme toujours il n'y a aucun soutien, se battre tous les jours contre le système c'est épuisant.
 J'aimerais que quelqu'un prenne en charge cette bataille là pour être plus efficace auprès de mes enfants. Je savais qu'on était toujours seuls dans la vie. Mais je ne savais pas à quel point ça pouvait être destructeur. Je suis mariée, je devrais éprouver un sentiment de sécurité, il n'en est rien, j'entends les reproches qu'il ne formule pas, j'ai foiré notre vie en ne terminant pas mes études en ayant pas un niveau socialement acceptable qui permette de prendre en charge notre vie et celle de nos enfants. Pire je ne parvient pas à tenir le coup, je sens le mépris autour de moi pour cette faiblesse.

  Il ya quelques années je travaillais j'avais une vie, ce n'était pas magnifique et je vivais dans un cadre nettement moins beau qu'ici, j'étais entourée, mes parents habitaient à deux heures d'autoroute, nous passions chez eux toutes les vacances scolaires. Puis j'ai suivis mon époux en bonne femme de militaire, posé ma démission, je me suis retrouvée dans un "pays" inconnu, la Touraine, à onze heures de mon cadre social. A nice il m'avait fallu dix ans pour m'entourer de personnes en qui j'avais confiance et qui m'aidaient parfois même avant que je ne le demande, avec qui parler, échanger, boire un café, rire... En Touraine j'ai mis environ neuf ans, hier au téléphone mon époux m'apprend qu'il n'aime pas le fait de partir travailler loin et ne revenir que le week end (un week end sur deux) et les vacances. Nous avons une maison en Touraine, je lui ai un peu imposé (moi, et les circonstances car nous n'avons pu la vendre) le choix de rester notamment parce que notre enfant autiste y reçoit des soins particulièrement efficaces et qui permettent à notre Pitchoun d'avancer, mon époux donc m'apprend qu'il veut que nous bougions avec lui. "Parce que le petit a besoin de son papa et que son papa lui manque aussi. Et c'est important son papa."

  Il ne se rend pas compte que la prise en charge et la compétence des équipes n'est pas la même sur toute la France, ce n'est pas comme changer de généraliste, le gouffre qu'il y a dans certaines régions sans parler des charlatans et des professeurs qui ne pensent pas aux enfants mais bien à leurs recherchent pour se faire un nom... L'insécurité est constante. Je suis au creux de la vague car chaque fois que je discute avec mon époux je me rend compte de l'immensité qui sépare nos manières de voir la vie et de penser, j'ai besoin de parler de ce qui me touche de ce qui me remue, il n'en voit pas l'utilité. J'ai besoin d'amour de confiance de soutien pour avancer, il renforce mes doutes et brise mes fragiles élans. 

 Pour ceux qui me lisent, si vous doutez, si vous ne croyez pas en vous, personne ne croira en vous.

Pour ceux qui sont raisonnables organisés autonomes qui n'ont besoin de personne parce qu'ils ont foi dans le système et ou dans leurs propres compétences, pensez que la personne à votre côté à besoin de vous entendre dire : " Vas-y fonce ! Tu peux y arriver !"  Et si elle échoue dite lui simplement : " Au moins tu l'as tenté, tu n'auras pas de regret de n'avoir pas essayé."

 

 J'essaie de le faire, ce blog et le fait d'écrire comme ça dans le vent sans vraiment savoir où ça ira me permet de reprendre pied, c'est comme une échelle.

 Un "dépotoir" de ce qui me torture, puisque je suis seule et que je ne peux en parler avec un proche ou un ami autour d'un café.

 Je dépose ma peine, mes angoisses mes peurs et j'avance ensuite en évitant d'y penser et en les enfouissant, j'espère juste qu'elles resteront enfouies assez longtemps pour que je puisse établir mes deux garçons. La seule pierre sur laquelle mon mari et moi sommes d'accord... Permettre à nos fils de s'établir. Lui il y bosse, un jour il sera satisfait. Moi je suis son boulet.Si demain il décide de couper la chaîne je n'aurais plus rien, comme je ne pourrais pas assumer le coût de la vie pour mes enfants et moi, ils me seront retirés. Aujourd'hui, mes enfants sont mon unique raison de vivre. J'ai peur des choix de mon époux, il fait trop confiance dans le système, je n'ai plus confiance en lui, je n'avais plus confiance dans le système, je n'ai pas confiance en moi.

Pour lui déménager ça signifie regrouper la famille, porter des cartons, avoir le soucis de l'arrivée de nos affaires, pouvoir être tous ensemble, voir ses fils tous les soirs tous les matins tous les week ends pouvoir sortir avec eux jouer avec eux. Pour moi c'est faire les cartons faire un tri, organiser les visites de la maison la mettre en vente la finir se tirer les cheveux parce qu'on va encore être à découvert à cause du prix exorbitant des déménageurs et du remboursement médiocre de l'état pour ce déménagement, ce sont des angoisses de savoir où on va atterrir, les papiers pour le petit pour le grand les batailles les courses d'un endroit à un autre pour tout mettre en place en deux mois les rendez vous à la banque pour le calcul du remboursement anticipé du crédit avec bataille encore pour se faire le moins possible escroquer, clôture des comptes, transfert des assurances vie, des prélèvements, liquidation des avoirs placés sur les livrets d'épargne, vides bien souvent. A l'arrivée c'est l'installation, la reprise d'un rythme, faire connaissance avec les gens, essayer de se faire des "amis" entre guillemets parce que d'une part je ne peux rien prévoir ou organiser, je ne peux pas m'engager pour un rendez vous une sortie ou quoique ce soit (mon époux peut changer d'avis au dernier moment c'est pour ça que je ne suis jamais sure de pouvoir honorer mes engagements alors je ne m'engage plus) d'autre part je serais amenée à partir encore et à tout laisser.

  Bref pour moi un déménagement c'est tout détruire pour aller essayer de rebâtir ailleurs sans aucune assurance pour mon pitchoun d'y être aussi bien suivis, sachant que les dégâts peuvent être irrémédiables.

 

  Tout ça pour quoi ? Pour qu'on soit "réunis" ? Mais de toutes façons mon époux repartira en mission, pendant deux mois, trois mois six mois un an..... Alors pourquoi devrions nous tous les trois détruire notre vie pour la reconstruire ailleurs ?

 

 La vie continue indifférente.

 

 Patrick, il y aura toujours des aides pour le petit, toujours, l'autisme est un problème mondial et en Europe les programmes concernant les recherches et les aides sont plus vastes qu'un quinquennat parce que de nos jours on sait pertinemment qu'une personne bien prise en charge pourra devenir autonome. Ces aides sont un investissement pour l'avenir. Par contre des gens investis, il n'y en a pas partout.

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