Un ruisseau fin, peu profond avec des galets ronds, moussus, entouré de bois, d'arbres hauts, au fond d'une vallée.
De grandes enjambées sont nécessaires pour progresser, le chemin est incliné, encombré de pierres massives qu'il faut escalader, d'arbrissaux, et de bois vermoulus dévorés par des larves blanches de la taille d'un pouce.
Enfin une éclaircie, le soleil perce, l'odeur change, ce n'est plus celle de l'humus mais celle du vent, des chênes chauffés par l'astre diurne.
Une clairière nous accueille, étroite, pentue, cabossée, parsemée de paquerettes sur fond d'herbes vertes.
Je m'allonge. Alors me revient en tête un fragment de poème : "... Il est allongé dans l'herbe sous la nue pâle sur son lit vert où la lumière pleut..." Le soldat du poème ne pouvait apprécier ce moment, il était mort. "... Bouche ouverte, tête nue et la nuque baignant dans le frais cresson..." Je relâche mes muscles, ouvre la bouche, j'écoute, je respire lentement, je deviens un bout de la prairie, je respire avec elle, j'y suis, là, au centre de mon équilibre.
Le silence bruyant de la nature s'infiltre.....